Parental Alienation and Domestic Violence : International Partnership for Innovative

L’histoire de cette recherche s’inscrit dans un contexte de réflexion et d’échanges avec l’Université d’Ottawa qui s’étend sur plusieurs années.

En 2017, Solidarité Femmes était à Ottawa, sur invitation du Professeur Simon Lapierre et de FemAnVi, pour assister à un colloque sur les violences post-séparation (« Perspectives internationales sur la violence post-séparation », 11 et 12 avril 2017).

Suite à ce colloque, Solidarité Femmes décide de mettre en place son premier travail de recherche portant sur le thème des violences post-séparation. L’asbl obtient une subvention de la FWB qui lui permet de mener à bien la première étude sur la thématique en Belgique francophone.

En octobre 2019, suite aux résultats de sa recherche, Solidarité Femmes organise un colloque international sur les violences post séparations et ses conséquences sur les victimes femmes et enfants. Simon Lapierre est là, ainsi qu’une série d’intervenant.es provenant du Canada, de Belgique, mais aussi de France et d’Italie.

Dans un tel contexte et face au constat que, par-delà les frontières et les océans, les professionnel.les pointent du doigt et dénoncent des situations similaires en matière de violences conjugales et post-séparation, Josiane Coruzzi, au cours d’une discussion avec Simon Lapierre, évoque l’opportunité de mettre en place un réseau international de travail et de réflexion, afin notamment de mutualiser les ressources et les bonnes pratiques des un.es et des autres, pour une meilleure protection des victimes, femmes et enfants. Parmi les sujets qui reviennent inlassablement quand on parle de violences post-séparation, il y a celui des accusations d’aliénation parentale dirigées contre les mères victimes par les pères violents mais aussi par un système social et judiciaire trop souvent ignare des mécanismes sous-tendant les violences conjugales (volonté de domination et de contrôle, inversion des responsabilités, décrédibilisation systématique, etc.).

L’idée est lancée et prend forme dans la tête de Simon Lapierre. Le projet international « Aliénation parentale et violence domestique : partenariat international pour des stratégies innovantes » voit ainsi le jour à l’initiative du Collectif de recherche FemAnVi de l’Université d’Ottawa. Un mois après le colloque sur le continuum des violences,  Solidarité femmes signe  une convention de partenariat et s’associe à la recherche internationale.

Dans le cadre du projet international supervisé par Simon Lapierre, Solidarité Femmes s’engage dans un premier temps à une étude de la littérature et à un recueil de données de type quantitatif pour pouvoir dresser un état des lieux de l’utilisation du concept en Belgique, et ainsi pouvoir mettre ces données en regard de celles récoltées dans les autres pays participant au projet.

A partir de ces données quantitatives récoltées, Solidarité Femmes décide de produire une recherche de type qualitative sur la situation en Belgique

Ce double travail de recherche, retardé par la crise sanitaire du Covid-19, est désormais conclu.

En juin 2024, FemAnVi a convié les partenaires du projet à participer à Ottawa au International Forum on Parental Alienation and Domestic Violence. Les partenaires ont eu la possibilité d’échanger sur leurs réalités propres et de présenter des exemples de bonnes pratiques. Avec l’accord des organisateur.rices du Forum, Solidarité Femmes a constitué une délégation belge et invité la chercheuse de l’UNamur Anne-Catherin Rasson, autrice du rapport de recherche Aliénation parentale : étude du concept et des pratiques en Belgique francophone (2023), ainsi que Agathe Willaume, directrice du SMAJ et promotrice de la Clinique du Lien à Marche, pour faire état des bonnes pratiques en Belgique francophone. C’est d’ailleurs dans ce cadre que Solidarité Femmes a présenté le projet DiAPE qui fait actuellement l’objet d’une nouvelle recherche-action (publication à paraitre).

Les partenaires du projet à Ottawa en juin 2024.

« Syndrome d’aliénation parentale »: plaît-il ?

Le « syndrome d’aliénation parentale » (SAP) a été décrit par le pédopsychiatre Richard Gardner comme un ensemble de troubles psychologiques présents chez l’enfant ou l’adolescent dont un parent dit « aliénant » essaie de l’éloigner de l’autre parent (le parent « aliéné ») par une campagne de dénigrement et de diffamation injustifiée, à la limite de l’endoctrinement. Ce soi-disant syndrome n’est pourtant pas répertorié au sein du DSM et n’a finalement pas de fondement scientifique. Richard Gardner lui-même est un personnage controversé en raison de ses affirmations pro-pédophilie et de son anti-féminisme évident. Gardner accuse les mères d’être, dans la majorité écrasante des cas, ce parent aliénant, s’opposant pour de mauvaises raisons (elle est « fusionnelle », elle veut « se venger ») au maintien du lien parental entre l’enfant et son père. En bref : du pain béni pour les mouvements masculinistes.

Aussi, en raison de sa diffusion croissante, de plus en plus d’intervenant·es des secteurs psycho-médico-sociaux sont séduit·es par ce concept sans forcément avoir pleinement conscience des risques qui lui sont associés et surtout sans tenir compte d’éventuelles violences conjugales ou intrafamiliales présentes ou passées (critère qui devrait pourtant être primordial dans l’attribution du droit de garde des enfants). Les insinuations d’aliénation parentale formulées par des intervenant·es psycho-médico-sociaux peuvent là aussi compromettre la sécurité des enfants et être vécues comme une violence institutionnelle pour des mères déjà fragilisées par les violences de leur ex-conjoint.